Le matin on a changé les chevaux de ma belle-soeur de pâture.
C’est tout une procession car elle n’a pas confiance donc elle fait venir son voisin (format Ours genre baraqué) Pascal doit être présent, elle me voulait aussi bref pour trimballer 2 chevaux domestiques sur moins d’1km quel bins !
Les deux chevaux sont en licol, on leur passe une bride par-dessus, Nikita avec un mors goyo, les mecs avec des gants tiennent les longes, elle tient les rênes bref si c’était des panthères échappées du zoo, ça serait pas pire !
Là j’ai dit stop !
Potrio est un gentil trouillard, bon un PRE ça a des réactions de pur-sang mais il est respectueux depuis notre petite leçon de la sem dernière, donc licol ficelle, longe étho longue et lourde et Je le tiens, moi toute seule avec ma baguette et mes pommettes sauvages dans la poche (ça a la taille de petites noix donc très bien comme friandise de travail !)
Dans le pré je révise : marche/ arrêt, OK il garde ses distances, on s’engage dans l’étroite ruelle, je révise l’arrêt avant d’entrer, le reculer, ok, dès qu’il accélère je m’arrête, rétablir les distances si nécessaire, récompense et câlins, il prenait fort sur lui et je voyais que le caresser lui faisait du bien !
Ensuite on repart, il a eu peur de moutons, je l’ai laissé regarder, descendre en pression, on repart, angle droit du couloir (2 hauts murs de château de 3/ 4m de haut, largeur 1m50 je dirais, ça peut impressionner un cheval. Et en voyant le « bout » il pourrait foncer pour sortir au + vite)
Je m’arrête, pause de décompression, on repart, respect absolu et sévère des distances avec reculer en phase de secouement de la longe (pour lui qui est si sensible, c’est une phase 3 je dirais), après 2-3 pauses de décompression, on arrive au bout, pas trop peur des voitures mais je le mettais sur le trottoir, face à la route, par précaution.
On traverse le village sans anicroche, on longe l’église, un pigeon s’envole, hop il bondit mais de côté, sans m’écraser ni tendre la longe (vu les marques sur son nez il a dû être débourré au caveçon, donc c’est une bonne chose il ne tend pas la longe !) Pause- décompression, il regarde partout, essaie de renifler de ci- de là (donc courageux et réfléchi ! bravo !) on emprunte la dernière rue !
Là seulement il s’est ébroué, enfin ! il n’était plus en apnée ! pommette, félicitations, caresses, il a voulu regarder des poules, je l’ai laissé faire, on est rentré dans le parc, ok
mission accomplie, cheval sympa, jamais plus de 2 grammes dans les mains, cheval curieux, courageux, docile, « reconnaissant » qu’on s’occupe de lui (je veux dire que quand je le caressais, il s’apaisait, j’avais un retour positif de mes actions) bref très chouette !
Ya eu 2 fois où il était trop près, il s’est pris une claquette-surprise avec la cravache mais a sursauté et compris le message, c’est pas un fou hystérique trouillard et dangereux !
Par contre les boulets que j’avais, derrière ! Pascal ouvrait la voie et me signalait les dangers (voitures, chien derrière la haie) mais j’en avais marre d’entendre les commentaires de la patronne et du voisin !
« allez on va pas y passer la nuit »
« bon, c’est rien c’est que des moutons, avance »
« n’importe quoi, il a peur d’un pigeon, il est complètement idiot, allez dépêche-toi avant qu’il refasse un écart »
« des poules il en verra de son pré, pas la peine de lui montrer »
« plus tu t’arrêtes plus tu lui donnes le temps de réfléchir »
bon j’ai du mal à comprendre l’intérêt d’avoir un cheval si c’est pour perpétuellement lui reprocher de se comporter comme un cheval (qui plus est un pur-sang donc fort émotif et nerveux) ! Autant prendre un quad si c’est pour pas qu’il fasse mine d’avoir un cerveau, ne regarde rien, ne s’intéresse à rien, n’exprime rien !
moi je le félicitais d’être intéressé, curieux, courageux, ne pas s’emballer en m’emportant au bout de la longe, il en avait besoin puisque lors des pauses il décompressait, s’apaisait, ça aurait dû les remettre en question (spoiler [
de voir qu’avec une longue longe, un bâton et des carottes je fasse mieux qu’eux avec des mors, des longes, des gants, des rênes (et encore d’après leurs récits ils se sont faits peur, mis en danger, fait écraser plusieurs fois !) ]
bref j’aurais pas pensé avoir des affinités avec un cheval vibrant comme ça, à fleur de peau, moi j’aime les tranquilles, je sais exciter les froids mais je ne pensais pas savoir calmer les excités.
En fait je découvre qu’avec Oskar j’ai pris pas mal d ‘expérience et cela me met au niveau de Potrio maintenant !
Je suis contente de moi mais surtout, je crois que c’est ce que Potrio m’offre en retour qui me porte vers lui : sa façon de se calmer quand on l’apaise, d’être penaud quand on le gronde, d’être content quand on le félicite, on voit qu’il a envie, on se sent utile, qu’on lui apporte quelque chose.
Pascal était fier de moi, je sais qu’il est admiratif de ce que je fais avec Oskar, des fois il est étonné, par ex que je ramasse des noisettes à 4 pattes par terre, je tiens juste le bout de la longe et Oskar ne se barre pas ! et n’essaye pas ! Moi de mon côté je suis étonnée de ce qu’il me raconte d’ « avant » quand ils attelaient leurs deux entiers fous furieux, limite dangereux, avec leur obcession de toujours attacher, tenir, c’est fou !
Et hier il s’est senti super fier que je promène tranquillement Potrio sans avoir recours à la force, là où eux deux « mecs » avaient du mal autrefois
Moi je comprends aussi le pauvre cheval, deux humains pas très « clairs » (dans leurs demandes, leurs exigences, leur position physique et hiérarchique) pendus des deux côtés de sa tête, qui se dépêchent de le trimballer le plus vite possible, ne le laissent rien voir ni sentir, « pour pas lui donner des idées », la patronne derrière qui dit « dépêchez-vous ! » lui qui se dépêche, les dépasse, se fait retenir de droite et de gauche…. Rien de plus stressant quoi !!!
spoiler : [la soeur de Pascal a encore dit qu’elle n’avait pas le temps de le travailler (par contre elle a le temps de jouer à l’ordi ! grrr ! ) et qu’elle voulait me payer pour que je le travaille ! Non merci, un tel travail est une gratification en soi. Et j’irai volontiers si j’ai le temps, entre Lotus et Oskar. ]
Hier nuit je faisais le bilan de mon travail équin, et c’est marrant mais je suis passée par toutes les sortes d’animaux :
Lotus, cheval rustique
Max le poney B
Albert l’âne
Oskar l’ardennais
Potrio le PRE
je suis pas raciste comme vous pouvez le constater